Zéro déchet: enfermée dedans?

Je pense que maintenant tout le monde connait le « zéro déchet » ?

Mais pour ceux qui arrivent de Mars petite explication : le principe du zéro déchet est d’acheter et de consommer en limitant au maximum son impact écologique; rejeter le suremballage, consommer moins et mieux.

Tout ceci part d’un bon sentiment, mais comme dirait ma grand-mère : l’enfer est pavé de bonnes intentions !

Et la note est salée.

Comme une nouvelle forme d’esclavage domestique.

En particulier, et je dirais principalement, ce sont nous, les femmes, qui en payons le prix fort (parce qu’il ne faut pas se leurrer mais le mouvement est majoritairement féminin)

Dans les années 50, les femmes ont été bombardées de publicité dans les domaines aussi divers, variés et exitants que les robots pour les aider à mieux cuisiner, laver et ainsi devenir un modèle de femme moderne.  Nos grands-mères ont toutes plongé et je ne leur jette pas la pierre même si beaucoup de ces avancés techniques les ont soulagé et libéré, il n’en resta pas moins que cette liberté s’est longtemps cantonnée à ce que madame s’amuse dans sa cuisine et n’en sorte plus… mais je ne vous apprends rien.

Maintes soutifs brûlés plus tard, nous avons lentement mais surement re-glissé vers cette déviance… même si on s’offusque et on ne veut pas se l’avouer : nous restons de parfaite petite ménagère (à voir l’invasion des robots « cuisine » dont le fameux thermomix… Le principe reste le même que dans les années 50… nous libérer des taches domestiques… Cela ne vous a pas sauté aux yeux cette similitude?).

A cela s’est ajouté au compteur de nouveaux vœux pieux: parfaite maman, parfaite sexy working girl et maintenant parfaite écolo (ben voui, « maintenant que je suis maman, c’est important que je fasse un geste pour la planète » Ah bon parce que avant, rien à foutre ?) Bref, les chaînes se sont alourdies et ainsi la femme moderne créa : la charge mentale…. (oui, je pense qu’avec notre belle bonne volonté, on se crée notre propre prison)

A celle-ci (la charge mentale) et je reviens à ma réflexion première, voici notre ami le zéro déchet !

Alors voilà : dans mon foyer nous sommes 3. Petite famille et pas forcément dans la moyenne. Il y a une année, je me suis réveillée un matin et j’ai vu la lumière : nous allons passer au zéro déchet ! (ben oui, maintenant que je suis maman…..)

Me voici donc lancée dans cette nouvelle quête vertueuse et bienheureuse qui vient calmer ma culpabilité de consommatrice et d’écolo en mouvement mais pas trop.

Comme vous avez pu le lire dans mes précédents articles, j’ai été radicale : plus de supermarchés, du vrac, du vrac du vrac, la tournée des marchés (bio). A cela j’ai rajouté l’idée prodigieuse que ma salle de bains serait également zéro déchets : lingettes lavables, déo écolo, savon, moins de produits de beauté, etc…. ainsi que la fabrication de mes produits d’entretien, bref le kit complet!

Or voilà :

Faire ses courses dans les magasins qui vendent du vrac cela me prends 3 fois plus de temps, il faut mettre les produits dans les sacs un par un, puis à la caisse, t’as intérêt à te souvenir lequel des riz tu as pris (car comme tu as le choix entre riz thai, riz complet, riz semi-complet, riz thai semi-complet, riz camargais, riz camargais semi-complet, riz rond) sinon, tu es bonne pour te taper les aller-retour dans les rayons… la scène se reproduit pour les céréales, pates, biscuits, etc….

Une fois à la casbah, si tu as la chance qu’aucun de tes petits sacs réutilisables (surtout celui avec la semoule) ne se soit ouvert pendant le trajet : rebelote, tu dois tout vider dans les contenants prévus à cet effet ; ce qui implique de les sortir tous, les remplir, les ranger… vous commencez à saisir l’idée? Deux fois plus de temps pour ranger les courses…

Dans la lignée du zéro déchet, je fais également mes produits vaisselle, lave-vaisselle, sol, lessive et tutti quanti…. Hormis le fait qu’il ne faut pas oublier d’acheter les ingrédients pour ces produits (dont très souvent les emballages ne sont pas recyclables, moi y’en a pas comprendre, mais bon) il faut FAIRE ses produits….. Cela prend du temps… beaucoup de temps, vous voyez l’idée se profiler ?

A cela se rajoute, le lavage des lingettes, et vous me direz ce que vous voudrez mais détacher ses lingettes juste en les passant à la machine à laver avec ta super lessive homemade jamais tu n’arrives à récupérer les traces de maquillage.

Donc en plus de ma lessive, je dois rajouter le prélavage à la main de mes lingettes.  Je ne vous raconte même pas le temps pour étendre tout le bazar…. (3 lingettes par jours fois 7, mon général !) Plus mes torchons car je n’ai plus de sopalin…. Si vous êtes du métier, maman donc, c’est aussi chiant que d’étendre les chaussettes… fois 3 fois 7…..

Je ne parle pas de celles qui ont décidé de faire leurs produits de beauté, dentifrice et autre… cela devient au-delà de chronophage ! Vous êtes des saintes ! Saintes écolos qui ont mon respect et mon admiration à tout jamais.  Et au stade supérieur, il y a la maman canonisée : celle qui lave les couches de ses bébés et qui n’utilisent plus de papier toilette mais des lingettes lavables (je vous laisse vous faire vos propres images du truc), et pour finir en beauté : idem avec les protections féminines*.  Mesdames quand dormez vous ???? Restons sérieuses, même si c’est votre choix il faut raison garder.

Vu le temps que me prends tout ce berzingue, une autre idée m’est apparue : dans ma famille nous ne sommes que 3… quand est-il d’une famille avec 2 ou 3 enfants ? Outre le budget, la « mère de famille » va passer 3 fois plus de temps aux tâches ménagères qu’avant d’autant, ne nous le cachons pas, ce n’est pas vrai que « ça » lave aussi bien que les produits du commerce.  Il faut quand même savoir qu’il y a des techniciens qui se sont penchés sur le problème, alors certes avec une conscience écologique à -12 mais leurs produits c’est de la bombe ! Et que moi (vous?) avec mon vinaigre, je frotte comme une malade et après j’ai un peu la gerbe en raison de l’odeur sachant qu’en plus que le résultat est tout juste satisfaisant…

Je vous promets qu’il faut une bonne dose de conscience écologique pour continuer.  Je ne dis pas que le zéro déchet ce n’est pas bien, je ne vais pas arrêter, je dis juste qu’il faut que, nous, les femmes nous restions vigilantes face à de telles pratiques et que nous ne nous fassions pas, sous couverts de notre bonne intention, enfermer dans une nouvel esclavage domestique.

Cette réflexion a rencontré celle de Camille passe au vert dans son excellent chronique suite à la réflexion de la ministre Brune Poirson : Camille passe au vert

Vous pouvez également lire cet article « à décharge » (car je sais rester juste): article

Bonne journée et bonne réflexion

  • Je prépare un autre article à ce sujet